Quelques jours plus tard, un samedi matin, nous étions à la bibliothèque Nicole et moi. Une sorte de petit rituel hebdomadaire. Nicole pouvait étudier et faire ses devoirs, pendant que je dévorais des livres de peinture et tableaux en tout genre.
Nous étions arrivées depuis environ une heure, quand Nicole me dit :
"-Je vais aux toilettes !"
"-Mhh. " répondis-je sans lever les yeux de mon bouquin.
15mn plus tard, alors que j'avais terminé mon livre, je me rendis compte que Nicole n'était toujours pas revenue. Pensant qu'elle devait être malade, je décidais d'aller voir.
Tandis que j'arrivais au bout du couloir, j'entendis sa voix :
"-ça y est, elle a encore rencontré une copine de l'école !" me dis-je intérieurement.
Je m'avançais encore, et découvris qu'elle discutait en fait, non pas avec une copine, mais avec un homme.
"-Nicole ! Je me faisais du soucis, tu aurais pu me dire que..."
Je m'arrêtais net. L'homme, en entendant ma voix, s'était retourné.
"-Pardon maman. Mais en sortant des toilettes, j'ai cogné la porte sur le monsieur, et j'étais en train de m'excuser..."
Je restais plantée devant ma fille et l'homme, que j'avais tout de suite reconnu. Nicole reprit la parole :
"-Heu... on peut y aller maintenant Maman. Au revoir Monsieur, et encore pardon pour la porte !
-Ce n'est pas grave... Nicole donc ? J'ai été ravi de te rencontrer. Tu me présente ta maman ?"
Le retour en arrière me fit l'effet d'une bombe explosant en moi. Son sous-entendu me fit comprendre qu'il m'avait reconnue aussi. Je me tournais vers Nicole :
"-Va lire encore un peu mon cœur, je t'appelle quand on s'en va.
-Ok M'man !"
Elle tourna les talons, et retourna à la table où nous étions depuis notre arrivée.
"-Toujours aussi ravissante, ma chère Noa !" me dit Jo en souriant.
"-Jonathan, je...
-Jo. Tu sais que je préfère Jo. Tu es contente de me revoir ?
-Et bien je... je suis surprise je dois dire.
-Positivement j'espère ?
-Pas vraiment. Je garde un assez mauvais souvenir de notre dernière rencontre." lui répondis-je franchement.
"-Rho allez ! C'était il y a des années Noa ! J'étais jeune et con...
-C'est le mot qu'on peut employer en effet. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas oublié."
"-Je suis sincèrement désolé Noa. J'ai pas réfléchis. Je te sentais partir, et ça me faisait mal après tout ce qu'on avait vécu. Je voulais pas te perdre, et j'ai pas trouvé la bonne façon de te le dire. Mais y'a prescription là non ?"
Prescription ? Comment pouvait-il être aussi ignoble ? J'avais une haine innommable envers lui, mais le fait qu'il ne se rendait pas compte de sa monstruosité me faisait peur. C'était un homme instable, et je savais de quoi il était capable...
"-Ecoutes Jo je... je vais y aller. Je n'aime pas quand le passé refait surface, ça n'apporte jamais rien de bon à personne."
"-Noa attends ! Je suis désolé, je suis un gros con. Mais je t'en supplie, laisse-moi une chance de te prouver ce que tu ne m'as laissé te prouver à l'époque... Je veux pas te perdre encore une fois !"
"-Pour me perdre, il aurait fallu que tu me possèdes. Et ça n'a jamais été le cas. Et ça ne le sera jamais. Je suis mariée maintenant, et j'ai une ravissante petite fille avec un homme que j'aime plus que tout au monde. Oublies-moi Jo."
Il approcha ses mains de mon visage, comme s'il voulait le caresser :
"-Le fait que tu sois inaccessible te rend encore plus désirable..." me dit-il en me regardant avec des yeux langoureux.
Je le repoussais aussitôt en lui demandant d'arrêter :
"-Bien, comme tu voudras. Mais saches que je compte pas en rester là. Je sais qu'il y avait quelque chose entre nous, et je suis sur que ça peut encore être le cas aujourd'hui...
-Je ne crois pas non. Et ne poses plus jamais tes mains sur moi, tu entends ? " lui dis-je d'une voix forte.
Je voulais quitter cet endroit au plus vite, ne plus avoir ce fou dans mon champs de vision. Je voulais me réveiller...
Nicole, qui m'avait surement entendu hausser le ton, arriva à ce moment-là :
"-Tout va bien Maman ?"
"-Oui Chérie, Viens, on s'en va.
-D'accord. Au revoir Monsieur !" dit-elle poliment à Jonathan.
"-Au revoir Nicole ! Peut-être à bientôt !" lui répondit-il d'une voix enjouée.
Je pris ma fille par la main et l'entrainais dehors. Nous prîmes alors le chemin du retour, à pieds, comme d'habitude.
Quelques minutes seulement s'écoulèrent quand elle me demanda :
"-M'man ?
-Oui Chérie ?
-Je le connais le monsieur non ? Je suis sûre de l'avoir vu quelque part.
-Tu... tu le connais un peu oui. Il habitait à Sunlit Tides avant. Mais il a déménagé quand tu étais toute petite.
-Ah..."
Je passais ensuite le reste du chemin à penser à Elise. Elle allait très probablement subir la colère de Jo. Je n'avais pas pensé à ça avant de le repousser. L'idée qu'elle prenait tout ses coups depuis tant d'années par ma faute était renforcée. Il fallait que je fasse quelque chose, ou je finirais par mourir rongée par la culpabilité.
Je dînais avec ma famille, mis Nicole au bain avant de l'accompagner au lit. Une fois celle-ci endormie, je restais devant la télé avec Maman jusqu'à ce qu'elle aille se coucher. David étant parti faire un shooting nocturne avec un collègue, je pris sa voiture pour me rendre chez Elise vers 23h30.
Une fois devant la maison, je sortis de la voiture, et m'approchais doucement de la maison. J'espérais que Jo soit de garde, et que je puisse parler à Elise. J'étais décidée à lui avouer tout ce que je savais sur Jo, tout ce qu'il s'était passé avant qu'elle ne parte vivre à Starlight Shore.
Pour m'assurer qu'elle était seule, je me cachais discrètement derrière des arbustes. Et c'est à ce moment que j'entendis un bruit de verre brisé. Les grandes baies vitrées de la maison permettant de ne laisser aucune intimité à ses occupants, je vis tout de suite ce qu'i se passait à l'intérieur.
"-Jo je t'en prie, arrêtes !"
C'était Elise. Elle et Jo étaient visiblement en train de se disputer, et elle semblait terrorisée.
"-Que j'arrêtes ? Tu te fous de ma gueule Elise ?
-Non je...
-Tu sais très bien que c'est de ta faute tout ça ! Tout est mérité de puis le début !"
"-Oui je sais je... je suis désolée ok ? Je ferais tout ce que tu veux, mais...
-Il ne doit pas y avoir de mais !" hurla t-il.
Il s'approcha d'elle et lui accrocha les poignets en la plaquant contre le dossier du canapé.
"-Non Jo, je t'en supplie arrêtes !
-Tu as cherché Elise ! Fallait pas te foutre de moi comme tu l'as fais !"
Il leva le poing pour la frapper, tout en lui maintenant la tête pour ne pas la louper.
Non ! Je refusais qu'il la frappe une seule fois de plus ! Je courais jusqu'à la porte, et sonna un grand coup, avant de retourner me cacher.
Jo lâcha immédiatement Elise, et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et resta quelques minutes à chercher qui avait sonné.
Il referma, et je le vis s'approcher d'Elise, qui s'était assise sur le canapé.
Il s'accroupit devant elle, et resta quelques minutes à lui parler. Impossible pour moi d'entendre ce qu'ils se disaient, vu qu'ils ne criaient plus.
Il se releva ensuite pour lui tendre la main.
Et là, il se passa quelque chose que j'eus du mal à comprendre. Elise prit la main de Jo, se leva, et après quelques secondes d'hésitation, se mit dans ses bras. Jo en profita pour l'embrasser sur le front.
J'étais complètement abasourdie par la scène à laquelle je venais d'assister. D'abord des cris, des coups, du verre brisé. Ensuite une main tendue et un baiser. Je ne comprenais pas. Comment cette pauvre Elise pouvait-elle subir tout ça, et se laisser toucher ensuite par cet ogre ? Comment pouvait-elle l'aimer comme elle le prétendait ?
Au moment où je partais, mon regard fut attiré par de la lumière inattendue. Je levais les yeux vers celle-ci, et vis Benjamin derrière la fenêtre de sa chambre. Il me regardait partir. Je lui souris tendrement, lui fis un signe de tête et m'en alla.
Quand j'arrivais à la maison, il était environ 1h du matin. David était rentré. Je le savais car il avait oublié d'éteindre la lumière de dehors. J'entrais à l'intérieur, et restais quelques instants sur le pas de la porte, à repenser à ce que j'avais vu.
Il était impensable pour moi que j'aille me coucher, je n'aurais de toute façon pas réussi à dormir. Je décidais donc de peindre, pour tenter d'oublier...
Les heures défilèrent sans que je ne m'en rende compte. Le soleil commençait à se lever quand j'entendis David descendre l'escalier :
"-Ne me dis pas que tu n'as pas dormi ?"
"-Non je... je me suis mise à peindre, et je n'ai pas vu l'heure passer." dis-je sans le regarder.
"-Chérie, tu n'étais pas là quand je suis rentré hier. Je peux savoir où tu étais ?
-Oui, je... j'étais chez Elise." répondis-je en lâchant mes pinceaux et en me retournant vers lui.
"-Tu pleures ? Oh chérie, viens par là..."
Il me prit tendrement dans ses bras, et tenta de me calmer :
"-Allez, calmes-toi ma puce, je suis là.
-Oh David, je me sens si mal si tu savais..."
"-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux m'en parler ?"
"-Je... je me suis rendue chez Elise hier soir. Je voulais lui dire ce qu'on avait vécu avant qu'ils ne déménagent. Je voulais qu'elle sache que j'aurais pu empêcher tout ça...
"-Et quand je suis arrivée devant chez elle, j'ai vu... j'ai vu... oh mon Dieu !".
Je fondis en larmes à l'idée de lui raconter ce qu'il s'était passé. Je voulais tellement oublier tout ça, que ce ne soit qu'un rêve...
"-Doucement ma puce, prends ton temps." me dit David en prenant mes mains.
"-Elle... elle était en train de se disputer avec Jonathan. Il lui hurlait dessus qu'elle avait mérité tout ce qu'il lui arrivait, et il... il l'a...
-Tu l'as vu lui cogner dessus ?
-Oui... du moins, il l'avait déjà frappée avant que j'arrive, et il s'apprêtait à le refaire quand j'ai sonné à la porte pour l'en empêcher.
-Quoi ?? Mais tu as perdu la tête ?
"-Je suis allée me cacher ne t'en fais pas. Il allait lui donner un coup de poing en pleine figure ! Je pouvais pas laisser faire ça !"
"-Tu te rends compte s'il t'avais vue ! Il aurait pu te faire du mal Noa !
-Il ne m'as pas vue David, je te le promets. Toujours est-il qu'après ça, il a tendue sa main à Elise pour l'aider à se lever, il l'a prise dans ses bras et l'a embrassée.
-Embrassée ? Alors qu'il lui avait tapé dessus quelques minutes avant ? "
"-Oui. Et elle s'est laissée faire. Je ne comprends vraiment pas comment elle peut y arriver. David, il faut qu'on fasse quelque chose pour l'aider. Je sens que ça va mal finir pour Elise sinon."
"-On va voir ce qu'on peut faire ma puce. Mais il ne faut surtout rien précipiter. Si Jo vient à se douter de quelque chose, ça pourrait être catastrophique pour Elise. En attendant, je voudrais que tu ailles te coucher un peu. Tu as besoin de te reposer. Je m'occupe d'emmener Nicole en classe et de dire à ta mère que tu es fatiguée. Ok ?
-Ok..." répondis-je sans hésiter. Il avait raison, j'avais vraiment besoin de dormir un peu, sans quoi ma tête exploserait.
Je le pris dans mes bras, et montais me doucher. Puis je me couchais après m'être mise en tenue confortable.
C'est la sonnette de la porte qui me réveilla. Je regardais le réveil, j'avais dormi trois heures.
J'enfilais mes chaussures et descendis ouvrir.
"-Elise ?" m'exclamais-je, surprise.
"-Bonjour Noa. Je te dérange ?"
"-Pas du tout ! Je t'en prie, entre." lui dis-je en reculant pour qu'elle puisse entrer.
Elle s'exécuta, et resta quelques instants à regarder l'intérieur de la maison, avant de me dire :
"-ça fait plaisir de revoir cette maison. Je m'y suis toujours sentie en sécurité..."
"-Je suis désolée de débarquer sans prévenir, mais j'avais besoin de te voir." me dit-elle.
"-Ne sois pas désolée, tu es la bienvenue quand tu veux." lui répondis-je sincèrement.
"-Ecoute Elise je... y'a quelque chose que je dois te dire...
-Moi aussi, et j'aimerai commencer si tu veux bien." me coupa t-elle.
Je hochais la tête pour montrer mon accord. Elle me regarda quelques instants à travers ses lunettes, puis porta les mains à son visage pour les retirer :
"-Tu avais raison."
Ce que je vis alors me glaça le sang. Elle était déjà bien abîmée la dernière fois que je l'avais vue, mais là, il l'avait carrément presque défigurée. On aurait dit qu'elle sortait tout droit d'un film d'aventure dans lequel elle serait l'héroïne. Ou un film d'horreur....
Son hématome à l'œil gauche commençait à se résorber, mais était encore bien visible. Et voilà qu'il lui avait aussi abîmé la bouche, ainsi que fracassé son arcade sourcilière droite. Ma si belle Elise ressemblait à un zombie.
"-Oh mon Dieu, chérie, je suis tellement désolée." lui dis-je en la serrant dans mes bras.
"-Allez viens, je vais te faire un bon café."
Nous nous installâmes en cuisine, je nous servis du café fumant avec quelques gâteaux, que ni Elise ni moi ne touchions, l'estomac noué.
Nous parlâmes pendant de longues minutes. Elise m'expliqua que j'avais raison, qu'elle était en réalité ce qu'on appelle une "femme battue", mais qu'elle refusait de se l'avouer jusqu'à présent, espérant toujours retrouver l'homme qu'elle avait rencontré il y a des années...
"-Elise, tu dois te rendre à l'évidence maintenant, il faut que tu le quittes."
"-Je... je ne peux pas Noa.
-Mais enfin, pourquoi ?
-Parce que... parce qu'il ne s'agit pas que de moi. Il y a Benji aussi. C'est son fils, et il refusera de me laisser partir avec lui."
"-Tant pis, tu n'auras qu'à ne rien lui dire le jour où tu partiras.
-Et qu'est ce que je dirais à mon fils ?
-La vérité.
-Non je... jamais. Je peux pas faire ça." dit-elle en baissant la tête.
"-De toute façon, Benji est au courant.
-Au courant de quoi ?" demanda t-elle en relevant la tête.
"-Que son père te frappe.
-Non, c'est impossible ! Il ne m'a jamais frappée devant lui !"
"-Ouvres les yeux Elise ! Il te hurle dessus, et tu pleures quand il te cogne. Tu crois que Benji est sourd ?"
Elle baissa de nouveau la tête, prenant conscience que j'avais raison :
"-Mon pauvre poussin..." dit-elle
"-Pars Elise. Prends ton fils et quittes ce monstre, avant qu'il ne soit trop tard."
"-Mais pour aller où Noa ? Mes parents sont morts, je n'ai plus personne et nulle part où me réfugier !
-Si, tu m'as moi. Et tu es ici chez toi, je te l'ai déjà dis.
-Je sais que tu es là...
- Je suis ta meilleure amie, et tu as besoin de moi. Alors tu vas rester ici quelques temps, le temps que tout rentre dans l'ordre."
-Oh Noa... c'est vraiment gentil de ta part, je suis très touchée, mais je ne peux pas accepter..."
"-Si tu peux, et tu va le faire.
-Mais... et ta mère ? David ?
-Ils n'y verront pas d'inconvénients. Ma mère t'a toujours adorée, et David... David sait ce qu'il t'arrive, et il veut autant que moi que tu sortes de là.
-Tu lui as dit ?
-C'est une longue histoire en fait. Et c'est de ça que je voulais te parler. Je..."
David arriva à ce moment-là, me coupant dans mon aveux :
"-Bonsoir..."
Comme il ne s'attendait pas à trouver Elise ici, il resta planté devant l'entrée de la cuisine, à la regarder comme si elle ressuscitait d'entre les morts.
"-Bonsoir mon amour ! "dis-je pour briser la glace.
"-Bonsoir David."
"-Elise... Mon Dieu !" dit-il en remarquant ses plaies.
"-Je... je ne vais pas rester plus longtemps. Je suis désolée de vous avoir dérangés." dit-elle en se levant, apparemment gênée par le regard de David.
"-Tu ne dérange pas le moins du monde. Mais bon sang... comment un homme peut-il faire une chose pareille sur le visage de sa femme ? Je peux te dire que si je le croise, ce..."
"-David..." le coupais-je en lui donnant un coup dans le bras.
-Oui, excuses-moi Elise.
-Ce n'est rien..."
Tout le monde resta silencieux, tentant d'analyser la situation. Je remis le sujet de l'hébergement sur le tapis :
"-David, j'ai proposé à Elise de rester à la maison quelques temps, histoire de se reposer un peu et de réfléchir à la suite des choses...
-Tu as bien fait ma puce. Je dormirai sur le canapé, et Elise prendra ma place près de toi. Benjamin pourra dormir dans la chambre de Nicole, on a un duvet très confortable..." proposa gentiment mon mari.
"-J'ai mieux. La cave de papa. Nous avons vendu sa machine à nectars il y a longtemps, et il ne reste que quelques caisses et un meuble qui ne prennent pas beaucoup de place. On a un lit deux places au garage. En aménageant un peu tout ça, on devrait pouvoir faire une pièce assez confortable pour vous deux !"
Elise me regarda tendrement.
"-Je... je ne sais pas comment vous remercier. Vous êtes des anges...
-Non, nous sommes tes amis." répondis-je en la prenant dans mes bras. "Viens, je vais te sortir de quoi prendre un bain et te changer. Et quand tu sortiras, tout sera prêt !"
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David m'aida à nettoyer la cave, ainsi qu'à installer le lit et à décorer un petit peu, pour changer cette cave en chambre.
Puis, quand Elise sortit du bain, je l'invitais à me suivre pour lui montrer le résultat et savoir si ça lui convenait.
"-Bon, la déco laisse encore à désirer, mais on ira ensemble faire quelques achats dans la semaine. Tu crois que ça ira en attendant ?"
-C'est parfait !" répondit ma meilleure amie. "-Noa, je sais vraiment pas comment te remercier. Sans toi, je n'aurais jamais eu le courage de partir..."
"-Tu n'as pas à me remercier Elise. Je suis ta meilleure amie, et je sais que tu ferais la même chose pour moi."
"-Sans aucun doute." dit-elle en reniflant.
Je la pris dans mes bras.
"-Allonges-toi un peu, je vais aller chercher Nicole, et je m'occupe aussi de Benjamin."
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Une heure plus tard, je revins avec les enfants. J'emmenais Benji au sous-sol retrouver sa mère, accompagnée de Nicole.
Celle-ci se leva quand elle nous vit entrer, et Benjamin se jeta dans ses bras :
"-Maman !"
"-Mon poussin !"
Benji s'accrocha à son cou, pendant qu'Elise l'embrassait partout sur le visage. Le front, le nez, les joues, tout y passait.
"-Maman, je sais pourquoi tu as le visage tout cassé, et pourquoi tu es triste tout le temps. Je savais depuis le début."
-Tu... tu nous as entendu mon cœur ?
-Oui, il crie vraiment très fort, et toi, tu pleures beaucoup.
-Oh mon Dieu. Mon ange, je suis désolée que tu aies dû entendre ça."
"-Est-ce que tu as mal maintenant ?
-Au visage non, ne t'inquiètes pas.
-Je veux plus que tu sois malheureuse Maman."
"-Ne t'en fais pas mon poussin, on va rester quelques temps ici, ça va aller mieux.
-Et après, on va faire quoi ? On va retourner à la maison ?" s'inquiéta le jeune Benji.
"-Non, surement pas ! Quoi qu'il arrive, on ne remettra les pieds là-bas. Et je te promets que plus jamais il ne nous fera de mal."
Elle le prit alors encore ses bras.
De mon côté, je pris la main de ma fille :
"-Viens ma chérie, laissons-les se reposer."